Préface de la Communauté Européenne

L’édition FishBase 99 a atteint deux objectifs-clés pendant l’année en cours : faciliter l’accès et améliorer la convivialité d’utilisation dans le monde francophone, et réaliser un site web FishBase sur internet qui permet d’élargir son rayonnement bien au-delà de la diffusion par CD-ROM.

En effet, franchir la barrière linguistique constituait un des objectifs initiaux, car l’efficacité d’un outil et son utilisation par le plus grand nombre, des collaborateurs au grand public, dépendent - et pas dans une moindre mesure - de la facilité avec laquelle ils peuvent exploiter les concepts scientifiques et s’approprier les explications exposées dans le manuel. Pour réaliser cette version française du manuel, il a fallu que la bonne collaboration en cours avec les collègues du Muséum National d’Histoire Naturelle à Paris se penche sur cet aspect du projet.

Dans le même esprit, une collaboration volontaire avait déjà permis la préparation d’une version portugaise du manuel de FishBase 96 pour rendre le système d’information plus accessible aux utilisateurs lusophones. Des collègues du Laboratoire de Guía, près de Lisbonne, travaillent à la mise à jour de cette version portugaise. Les traductions automatiques progressivement utilisées devraient permettre de réduire la charge de travail de mise à jour pour les équipes ayant accepté de prendre sous leur responsabilité l’édition du manuel dans leur langue maternelle.

La présentation du manuel et du CD-ROM s’inspire largement de la version 1998 en anglais, mais en dépasse désormais le seuil des 22 500 espèces. Par rapport aux versions 1997 et antérieures, d’autres améliorations importantes avaient été intégrées : les données du Catalog of Fishes d’Eschmeyer (1998) où sont répertoriés tous les noms de genres et d’espèces de poissons originaux, leur référence princeps, une ou plusieurs références bibliographiques établissant leur statut actuel et la localisation des types ; et de nouveaux graphiques pour l’analyse des statistiques de pêche de la FAO.

Comme corollaire, FishBase 99 contient maintenant plus de 56 000 noms qui ont été assignés aux 23 000 espèces valides déjà contenues, incluant les noms scientifiques valides, des synonymes, des erreurs d’orthographe et des identifications erronées. La classification des taxons supérieurs suit maintenant Eschmeyer (1998).

En intégrant les prises nominales de la FAO de 1950 à 1996, et en améliorant la présentation des données et les analyses relatives à l’écologie trophique, FishBase ouvre la voie vers de nouveaux types d’analyses des tendances globales, brillamment exposés dans un article paru dans Science sur l’épuisement des réseaux trophiques marins par la pêche (Fishing down marine food webs, Pauly et al. 1998).

L’intégration de nouvelles données de la FAO, sur l’aquaculture de 1984 à 1996 et sur l’introduction de poissons, représente une ouverture supplémentaire pour de nouvelles analyses de tendance et pour replacer en perspective les données actuelles sur les ressources dans leur contexte historique.

D’autres ajouts par rapport à FishBase 98 comprennent plus de 3 000 illustrations pour un total dépassant 15 000, 1 000 références bibliographiques supplémentaires pour un total de 12 000 et 100 séries chronologiques de recrutement supplémentaires fournies par R.A. Myers. En général, il y a beaucoup plus de données pour plus d’espèces, ainsi que de nouveaux graphiques et de nouveaux rapports de synthèse, l’effort étant maintenu pour rendre FishBase toujours plus complète.

L’ampleur et la précision des informations thésaurisées jusqu’à présent permettent de poser de nouvelles questions qui conduisent à leur tour à concevoir de nouvelles procédures d’analyses et à de nouveaux résultats. Ce potentiel rend la base de données de plus en plus utile aux utilisateurs scientifiques. Et une attention sans cesse croissante est portée aux présentations graphiques des données, aux relations entre les différents jeux de données, et au calcul d’indices synthétiques qui permettent aux autres utilisateurs de tirer encore mieux profit de FishBase.

C’est cette double fonction qui est particulièrement stimulée dans le cadre de l’Initiative de Recherche Halieutique ACP-UE. Cette Initiative a été requise dans une résolution sur la coopération halieutique de l’Assemblée Paritaire ACP-UE (une institution parlementaire) préoccupée à promouvoir la recherche pour assurer le futur de ce secteur. L’Initiative vise à soutenir et même à accroître les bénéfices tirés de l’exploitation des ressources aquatiques par tous les acteurs du secteur, tout en protégeant l’environnement aquatique dont dépendent étroitement la bonne santé et la productivité de ces ressources. La nécessité de la conservation de la biodiversité aquatique et de ses habitats a été reconnue par les 157 pays qui ont ratifié la Convention sur la Diversité Biologique négociée au Sommet de la Terre à Rio en 1992. La meilleure stratégie pour atteindre cet objectif à long terme passe par un large partenariat et une vaste coopération sud-sud, nord-sud et nord-nord.

Même si certains pays de la zone ACP disposent de riches ressources aquatiques, nombre d’entre eux comptent parmi les pays les moins développés économiquement. De là la nécessité a-t-elle été reconnue lors de la discussion sur l’Initiative de disposer d’un contexte favorable à la science et à la recherche dans la zone ACP, et des fonds spéciaux ont-ils été débloqués en priorité en direction de ces pays. Le projet <tout-ACP> (all-ACP) qui en a résulté, intitulé <Renforcement de la gestion de la pêche et de la biodiversité dans les pays ACP> (Strengthening fisheries and biodiversity management in ACP countries), a fait de FishBase son infrastructure technique centrale.

En phase 1, le projet s’est concentré sur l’enregistrement et la vérification des données actuelles et historiques dans FishBase, ainsi que sur la formation et la mise à disposition d’équipements pour rendre la base de données accessible au plus grand nombre. La phase 2 visera la gestion durable des ressources et introduira progressivement d’autres outils en cours de développement pour consolider et étendre les résultats de la phase 1.

Le projet remplira donc un rôle spécifique par rapport à FishBase et par rapport au travail sur la biodiversité dans le cadre d’Agenda 21, ainsi qu’un rôle de préparation en relation avec les objectifs plus larges de l’Initiative de Recherche Halieutique ACP-UE. Il jouera ce rôle en renforçant les capacités opérationnelles et de recherche dans les pays ACP, en promouvant la production commune d’outils de recherche et de gestion des informations scientifiques dans la zone ACP, et en organisant des <forums régionaux> durant lesquels les objectifs de l’Initiative ACP-UE seront poursuivis. Cette approche est dans la droite ligne de l’Accord pour un Mécanisme de Centre d’Échange (Clearing-House Mechanism) pris par la Conférence des Parties de la Convention sur la Diversité Biologique (Jakarta, novembre 1995).

Ce projet, commencé en décembre 1996, durera jusqu’en décembre 2000. Il permettra aux scientifiques et aux gestionnaires des pêches des pays de la zone ACP d’accéder à FishBase, aux outils d’analyse et de gestion connexes, et de devenir des partenaires actifs dans la collaboration établie sous les auspices de l’Initiative. Un comité permanent de l’ACP-UE surveille sa mise en oeuvre. Il a accepté d’aider à promouvoir le partenariat autour du projet et de se constituer en un ensemble d’ambassadeurs pour cette collaboration.

Il est vivement souhaité que les outils d’analyse graphique encouragent les utilisateurs à valoriser de manière locale les connaissances globales en appliquant ces approches analytiques à leurs propres données nationales ou autres dans leur contexte spécifique.

Des remerciements sont une fois de plus dus à l’équipe compétente et dévouée de FishBase. Des remerciements sont également dus au nombre croissant de scientifiques, de photographes, de volontaires et d’institutions qui partagent leurs connaissances avec tous les utilisateurs par le biais de FishBase et qui continuent à contribuer au développement de la structure et du contenu du système. C’est une entreprise passionnante dans laquelle l’équipe FishBase, les nombreux collaborateurs autour du globe, les pays de la zone ACP et l’Union Européenne s’investissent conjointement pour augmenter l’utilisation de FishBase au bénéfice de tous.

La version encore incomplète sur Internet à l’adresse http://www.fishbase.org est déjà en train de nous conduire vers d’autres horizons de collaborations et d’utilisations. Nous sommes convaincus que la compétence cumulée des partenaires, ainsi que l’esprit de coopération volontaire, fondé sur la reconnaissance explicite de chaque contribution, quelle qu’en soit la taille, et du travail de chaque collaborateur(trice), nous permettront de franchir également les prochaines étapes et les nouveaux défis.

Cornelia E. Nauen
Aministrateur Principal Coopération Pêche
Commission Européenne